En 2024, on retrouva à Lourdes une magnifique bannière qui avait été confectionnée et offerte par le diocèse de Vannes il y a 150 ans, lors du tout premier pèlerinage en 1875.
(Article tiré de la revue diocésaine Chrétiens en Morbihan n° 1547-mai 2025 par Gwenn Le Roux, archiviste diocésaine)
La dévotion à Notre-Dame de Lourdes est toute neuve dans les années 1870 et l’engouement pour les pèlerinages se répand comme une traînée de poudre.
En 1872 a lieu le « pèlerinage des bannières », rassemblant des dizaines de milliers de fidèles de toute la France, puis le premier pèlerinage national est créé l’année suivante. La coutume se développe pour les paroisses, les diocèses, voire les régions, de venir en groupes locaux constitués et d’offrir une bannière à la Vierge.
C’est dans ce contexte d’effervescence qu’en janvier 1875 l’évêque de Vannes, Monseigneur Bécel, publie dans la Semaine religieuse son projet de pèlerinage diocésain : il constitue un comité de pilotage, prévoit un train spécial au départ de Sainte-Anne-d’Auray et lance une souscription pour une bannière :
La souscription se poursuit jusqu’à la fin du Carême, puis l’ouvrage est finalement commandé avec une représentation de la Vierge et sainte,
Anne d’un côté, et saint Vincent Ferrier de l’autre.
Le tout premier pèlerinage diocésain à Lourdes a lieu du 21 au 26 juin 1875, sous une pluie torrentielle qui fait rapidement gonfler la rivière,
rend la grotte temporairement inaccessible et cause des inondations telles que les routes seront coupées. Mais peu importe l’orage, lisons-nous dans le récit de ces journées mémorables, les pèlerins de Vannes font courageusement leurs dévotions à la Vierge, « Reine incomparable », et lui portent leur offrande dans la chapelle : La « bannière du Morbihan », si joliment nommée « ex-voto du diocèse » par Monseigneur Bécel, atteste toujours aujourd’hui de ce premier élan de piété envers Notre-Dame de Lourdes. Cette piété sera ensuite gravée dans la pierre 25 ans plus tard, lorsque tous les diocèses de Bretagne offriront conjointement un « calvaire breton » en 1900.
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« Que vaut-elle ?… au moins 3 000 francs »
L’abbé Orhand, qui fait le récit du pèlerinage au jour le jour, s’interroge sur le coût de la bannière. Nous en saurons plus en juillet de la même année, grâce à la publication des comptes détaillés du pèlerinage par le trésorier du Comité. La somme pharamineuse de 3 000 francs dont fait état la rumeur a un fond de vérité : il s’agit de la somme récoltée en dons. La bannière vaut en réalité 1 830 francs, équivalant approximativement à 6 000 € actuels ; le reliquat a été consacré à l’achat d’un ciboire pour sainte Anne.
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